Il ne faut pas se fier aux apparences. Un patronyme aussi simple que Guigui (ou Benguigui, lorsqu’il est précédé de l’indexe de filiation) peut avoir des racines on ne peut plus nobles. Ainsi, selon une tradition rapportée par le rav Yossef Messas, dont Joseph Toledano se fait l’écho dans son ouvrage La saga des familles, l’origine de ce nom serait hébraïque. Et particulièrement recherchée, puisque la valeur des lettres le composant, soit deux guimel et deux youd, est égale à 26, chiffre qui est aussi la guématria du nom de Dieu (le fameux tétragramme). Encore plus fort, chaque syllabe de ce même nom, soit un guimel et un youd, a une valeur numérique de 13, ce qui renverrait aux 13 principes de la foi et aux 13 mesures de la miséricorde divine. Inutile de préciser que, si l’on retient cette explication, les ancêtres des Guigui et compagnie devaient être des gens tout à fait remarquables. Passons à des racines plus prosaïques. Selon la première, l’appellation serait dérivée du nom de la tribu berbère des Guig, vivant dans l’Atlas, près de Marrakech, tribu auprès de laquelle auraient séjourné des familles juives. Quant à la seconde, elle fait, elle aussi, référence aux Berbères chez qui le mot guig signifie « pieu ».

Quelle que soit la version « authentique », ce qui est certain c’est que les Guigui, Guigue et autres Guiguy se retrouvaient dans les trois pays d’Afrique du Nord. Et que c’est au Maroc que l’on rencontre les premiers Guigui et Benguigui connus, sous l’identité de Yehoshoua Guigui, grand rabbin de Taza à la fin du XVII’ siècle, et de Sellam Benguigui, rabbin notaire à Debdou, à la même époque.

Enfin, du côté des célébrités, il faut mentionner Yoshaphat Benguigui, rabbin kabbaliste à Meknès au XVIII’ siècle, dont la science, dit-on, était si profonde que ses descendants préférèrent détruire ses ouvrages afin d’éviter que des lecteurs non avertis ne les consultent. Ou, encore, Eliahou Benguigui (1870-1939), grand rabbin de Saïda, en Algérie, et auteur d’un recueil de dinim (prescriptions) publié à Tunis.

L’arche N°549-550 / NOVEMBRE 2004