En France, si vous voulez être chercheur vous n’avez pas vraiment d’autre choix que le secteur académique (pour les physiciens, c’est sûr, pour les chimistes et les biologistes peut être un peu moins). Et comme on aime beaucoup le Royaume Uni mais que quand même on aimerait bien revenir en France, je me suis retroussée les manches et me suis mise au boulot pour passer les concours CNRS et Maître de Conférence.

Evidemment, je suis tombée dans à peu près tous (ou presque) les pièges de la débutante et me suis faite bien avoir par l’hypocrisie du système. Je commence donc par les péripéties de la préparation des dossiers.

1-Le CNRS

Là, dans la rubrique naïveté je commence très très fort. A partir du mois de septembre-octobre 2006 je vais régulièrement sur le site internet du CNRS pour voir s’il est question des concours 2007. Pas de nouvelles (et surtout pas de renseignements) jusque vers novembre où ils disent que les postes seront publiés au journal officiel à la mi-décembre.

Le jour de la publication des postes je comprend mon erreur et ma bêtise. En fait le CNRS est divisé en section (grosso modo chaque section représente une discipline scientifique), et ce qu’il est dit au Journal Officiel c’est qu’il y a 8 postes pour la section qui me ressemble et que j’ai jusqu’à fin janvier pour contacter un labo et écrire un dossier…

Autrement dit, j’aurais dû contacter les labos dès le mois d’octobre et rédiger un dossier avec eux. Car 1 mois avec des vacances au milieu c’est pas du tout suffisant pour écrire quelque chose de sérieux ! (Par sérieux, j’entends essentiellement le projet de recherche qui doit montrer que la symbiose entre le candidat et le laboratoire créera une recherche de haute qualité)

Bon, bah le CNRS ce sera pour la prochaine fois… 🙁

2-L’Université

Dépitée par mon forfait au CNRS, je me dis que je ne me ferai pas avoir par l’Université et je me mets en quête d’éventuelle ouverture de poste avant le mois de mars, date de publication des postes au Journal Officiel.

Là c’est quand même un peu plus difficile que pour le CNRS, parce qu’il faut aller sur les sites de chaque Université, de chaque laboratoire pour voir s’ils n’ont pas un poste qui s’ouvre. Ca aide de connaître des gens, de faire partie d’une liste de diffusion etc…

Chouette, je trouve 2 laboratoires qui ouvrent des postes avec un profil qui me correspond. Lors de la publication au Journal Officiel, j’en trouve un 3ème dont je ne connaissais pas les gens auparavant.

Et là ça se corse, parce que toutes les Universités vous disent que dans votre dossier il faut mettre les pièces demandées au Journal Officiel. Oui, mais en fait il faut en mettre d’avantage et ça, personne ne vous le dit. Par exemple, les lettre de recommandations ne sont pas officiellement demandées, mais la rumeur dit qu’il faut en mettre. Et puis surtout il y a un projet de recherche. Il est moins développé que celui qui est demandé au CNRS, mais il faut quand même qu’il soit original mais pas trop, qu’il vous corresponde et qu’il corresponde au laboratoire. Et puis on ne vous dit pas non plus sur combien de temps doit se dérouler ce projet, et, entre dire ce que vous voulez faire l’année prochaine ou dans les 15 prochaines années, c’est pas tout à fait pareil…

J’ai récemment appris que j’aurais aussi pu joindre un projet d’enseignement. Là encore, rien n’est dit au Journal Officiel… Et puis sérieux, un projet d’enseignement, c’est bizarre. On vous dit dans quelles filières le Maître de Conférence devra enseigner, mais tant que vous n’avez pas vu les locaux et les gens, comment voulez vous proposer quelque chose de sérieux ?

Dernier point, si vous voulez passer les concours Maître de Conférence, vous devez avant le mois de décembre de l’année d’avant vous faire qualifier. C’est à dire obtenir une certification comme quoi vous êtes apte à candidater. Cette qualification vous l’avez pour une certaine section (là aussi chaque section correspond grosso-modo à une discipline). Les sections sont les mêmes pour toutes les universités et les qualifications sont valables 4ans. Ce qu’on ne m’avait pas dit (je n’ai pas trouvé le document ou c’est écrit), c’est que vous pouvez candidater dans une autre section que dans celle où vous êtes qualifié… Bon c’est sûr si vous êtes historien, n’allez pas candidater en physique ! Mais dans mon cas j’aurai peut être pu candidater sur certains postes de chimie-physique.

Conclusion

Les concours pour devenir chercheur au CNRS ou Maître de Conférence sont réputés être difficiles car il y a beaucoup plus de candidats que de postes. Ce que j’ignorais, c’est que la première sélection se fait par restriction d’informations… Cette information vous l’avez si vous faite déjà partie d’un laboratoire français. Donc les nombreux post-doc expatriés plus ou moins loin partent avec un handicap.

A la fois, il parait que rester dans son pays ça donne l’impression que l’on n’est pas ouvert d’esprit. Vous l’avez compris, pour avoir un poste, il faut au moins avoir passé 1 an à l’étranger et 1 an en France.
A la fois, en ne passant qu’un an dans un labo, vous n’avez pas vraiment le temps d’y faire un travail pertinent (c’est à dire publier des articles), et vous êtes aussi jugé sur le nombre d’articles que vous avez publié ! Donc oui, il vous faut au moins passé 2 ans à l’étranger et 2ans en France avant de trouvé un poste de chercheur.

Malgré tout ce que je viens de raconter, il y a des gens qui arrive à avoir les concours du premier coup à la fin de leur thèse, certains sont carrément excellents mais pas tous… Comment font-ils ? Je vous en donnerait un aperçu dans le prochain article !