L’idée de cet article m’est notamment venu d’une émission de télé. Ici, les émissions culinaires sont extrêmement nombreuses. La plupart sont sans intéret et surtout les recettes pas très appétissantes. Il y en a deux que j’aime bien la première, the F-word, n’a rien à voir avec le sujet de cet article, c’est la seconde qui m’a interpelée.

Dans « Jamie’s School Dinners« , le chef Jamie Oliver s’attaque au problème de la junk food dans les cantines scolaires britaniques : il invente de nouvelles recettes, forme les cantinières, éveille l’intéret des enfants, discute avec les politiques… Je salue les efforts de ce jeune homme (vous pouvez visiter son blog ici)

En regardant cette émission, j’ai été assez choquée de la qualité des cantines britaniques ; mais surtout je me suis rendue compte qu’en France, les cantines scolaires participent activement et bénéfiquement à l’éducation alimentaire des enfants et adolescents.

Je m’explique et je témoigne : au Royaume-Uni, la cantine est un self service. Le plateau est pré-moulé de manière à ce que l’enfant n’est pas à ce servir d’assiette. Dans chaque partie du plateau la cantinière verse une portion de nourriture. Les repas [1], sont composés d’un élément protéiné (poulet ou poisson) toujours frit souvent reconstitué, et de féculants (notez le pluriel), souvent des frites accompagnées de pâtes ou de pomme de terre ou des haricots blancs à la sauce tomate sucrée. L’entrée contient une quantité non négligeable de mayonnaise.

Par hasard, le midi de la journée où j’ai vu cette émission, j’ai été m’acheter une jacked potatoes, c’est une bonne alternative au sandwich puisque la pain y est remplacé par une pomme de terre chaude. Je voulais y mettre du thon mais il n’y en avait plus. La jeune femme qui me servait m’a alors proposée de mettre des haricots blanc à la sauce tomate. J’ai refusé, elle m’a alors suggérée du coleslaw (=choux à la mayonnaise) avec du cheddar… La jeune femme n’a fait que me proposer des formules habituelles ici. Je ne suis pas diététicienne mais ce n’est pas difficile d’expliquer le taux d’obésité au Royaume-Uni avec ce genre de régime !

Mais revenons à nos moutons, le titre de cet article est « Education alimentaire » car je dois admettre que si, lorsque j’étais parisienne, je ne me sentais pas plus française qu’européenne, l’alimentation anglaise me fait pousser des cocoricos desespérés ! Contrairement à ce que je pensais lorsque j’étais en France, le terme « cuisine française » ne qualifie la haute gastronomie que l’on trouve dans les restaurants étoilés au Michelin. Non il qualifie les choses simples de la vie de tous les jours.

Le plus simple des exemples : il m’est arrivé de dire que je faisais ma vinaigrette moi même. Les anglais (les chinois et coréens aussi) étaient tous complètement abasourdis car eux l’achètent au supermarché. Lors d’un diner, mes invités m’ont même complimenté dessus !!!!

Or, en regardant Jamies’s School Dinner, je me suis rendue compte que je devais mon goût des bonnes choses, en partie aux cantines de mon enfance. Je ne me souviens plus bien de la maternelle, mais en primaire au collège et au lycée nous étions servis dans de vraies assiettes [2]. L’entrée était composée de crudités, suivie d’une viande ou d’un poisson accompagné de légume, le repas se finissait par un fromage et/ou (je ne me souviens plus) un dessert qui était souvent un fruit. Le goût n’était pas toujours au rendez-vous, particulièrement en primaire où les cuisines n’étaient pas sur place et les aliments réchauffés. Souvent il s’agissait de conserves ou de surgelés. Mais, il n’empêche que nous avions tous les jours accès à une large diversité de plats, de goût et de couleur. Ni ketchup, ni vinaigre (ils en sont très frians au RU), ni mayonnaises, ni fritures n’étaient utilisés pour camoufler les aliments.

Ma môman ne faisait pas de la grande cuisine tous les soirs, mais elle non plus n’essayait pas de camoufler le goût des choses à tous prix.

Je me rend compte finalement que mon éducation alimentaire (qui doit être assez banale en France), a également construit une partie de ma personalité et a définitivement fait de moi une française… Il a fallu que j’aille voir ailleurs pour m’en apercevoir 😉 !


[1] à la cantine de l’Université les repas sont composés de la même manière

[2] Cela avait en plus des vertues éducatives puisqu’un chef de table était désigné et s’occupait de rassembler les assiettes en bout de table à la fin du repas pour aider les dames de services

Laisser un commentaire